Livraison de fleurs à Paris
Parmi les premières boutiques de fleuriste parisiennes, il y eut celle de la fameuse Madame (ou mademoiselle, selon les sources) Prévost, ouverte au Palais-Royal, derrière la Comédie-Française, à Paris en 1830.
Ce n’était pas une marchande ordinaire, mais déjà presque une ‘fleuriste’, installée dans une vraie boutique, la première de toutes à Paris (et peut-être en Europe). Cette innovation, largement commentée à l’époque, n’était pas anodine. En réalité les usages floraux en furent bouleversés. Les clients de ce magasin prenaient leur temps et conversaient avec la maitresse des lieux. Ensemble, ils parlaient de textures, de couleurs, de variétés et de saisonnalité.
Des comportements très différents des petits achats spontanés qui se faisaient aux éventaires des bouquetières de rue.
Une boutique de fleurs
Cette boutique était petite, très petite même. Un observateur de cette époque écrivit que trois personnes pouvaient à peine y entrer en même temps. Ce dernier mentionna également la clientèle qui fréquentait le lieu : ‘l‘établissement est connu trop avantageusement, il a une trop belle clientèle pour avoir besoin de se mettre en frais.’
L’ami tant Redouté
La belle clientèle de Madame Prévost comptait entre autres l’artiste Pierre-Joseph Redouté, qui s’était une spécialité de la peinture de fleurs.
Redouté discutait avec ‘sa fleuriste’, prenait conseil, appréciait son talent et la belle qualité de son approvisionnement. Deux esthètes sur un pied d’égalité, celui des artistes.
Les premiers bouquets de fleurs de Paris
Loin de se contenter de tout cela, Mme Prévost tenta l’innovation avec ses gerbes qui duraient. Ce ne fut pas un grand succès… et pourtant.
Ces fameuses gerbes étaient des bouquets de fleurs à longues tiges qui pouvaient se garder quelques jours simplement en renouvelant l’eau des vases (autrement dit, nos bouquets actuels). Aussi étonnant que cela puisse paraitre, c’était une incroyable nouveauté. Mais la mode était alors aux bouquets ‘montés’ composés de corolles fixées sur un jonc. De sortes que ces compositions, incapables de s’hydrater, flétrissaient assez rapidement.
Mais il faut préciser que les gerbes ‘innovantes de Mme Prévost, rares dans le commerce, étaient l’ordinaire des bouquets que les dames confectionnaient elles-mêmes. Mais voilà, les bouquets de Mme Prévost étaient en avance sur son temps. En bref, Mme Prévost était un précurseur (ou une précurseure selon les sources).
Une jolie petite boutique, bien située et fréquentée par une clientèle avertie et demandeuse de conseils prodigués par une fleuriste amoureuse du végétal… Avait-elle fait un business plan ? Non ! Juste du bon sens.